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Vendredi 13 septembre 2013

Un terrien naufragé très chanceux

 

En fouinant dans la baie de Mourtia, au NE de Samos, sur la longue route (49 milles) entre Sarpedere en Turquie et Pythagorion, de l’autre côté du détroit de Samos… Nous avons pris des photos et le chemin des écoliers, en cherchant des mouillages où personne ne va….

  • On double la cap Ak Prason, avec des vents de NE 2/3 au moteur, bien tranquillement
  • Après avoir reconnu les criques d’Ormos Murtias, puis Chiavaragi, on file vers le cap Ak Gatos, qui commande l’entrée NW du détroit de Samos.
  • Il faudra d’abord doubler le cap Ak Kortrakia, où personne ne passe, ou presque…
  • Bluffé par la beauté du Mont Mykale sur la côte turque de l’autre côté du détroit, mont pelé et flamboyant au couchant, il est 16 H, nous faisons une photo de ce fameux cap Kortrakia qui s’inscrit en contraste verdoyant au premier plan.
  • C’est pas un gamin Kortrakia : 250 mètres d’à pic, les pieds dans l’eau. Premier signe de vie, à Chiavaragi à près de deux milles dans l’Est…

Ce sera une photo prémonitoire
 

En naviguant tranquille, à environ 300 m d’une côte dont nous ne sommes pas certain qu’elle soit accore, au moteur 2.000 tours, pas trop bruyant… J’entends une voix….

  • C’est pas marie, elle à sa place, à la cuisine (gag hein !!!), et contrairement à moi elle ne se parle jamais à haute voix…
  • C’est pas moi… je m’en serais rendu compte
  • C’est pas des acouphènes, je n’y suis pas sujet
  • Mais… qu’est ce donc ??? me dis je !!!
  • A tout hasard nous ralentissons et regardons très précautionneusement si un naufragé ne flotte pas bêtement autour du bateau… Non, rien de rien…
  • Bon on se dit, ce sera un couinement… Mais tout de même, c’est une attitude de blaireau, et on fait demi-tour en se rapprochant… Le vent pousse à la côte.
  • A cet endroit totalement désert aux pieds de la falaise vertigineuse, par acquit de conscience, tout en surveillant le rivage aux jumelles, nous poussons jusqu’à l’entrée de la baie de Chiavaragi
  • Demi tour en se rapprochant encore de la côte, un œil sur le sondeur et l’autre sur la rive, et là on entend encore une voix… Pour le coup il doit y avoir quelqu’un, mais nous ne voyons toujours rien.
  • Enfin, en venant, à toucher les cailloux, nous apercevons une forme humaine coincée entre deux rochers, les pieds dans l’eau…
  • Exactement là comme indiqué ci-dessous
     

 

  • Bien propre sur lui, belle chemisette, pantalon treillis façon mode, catogan bien peigné, rasé de frais, et petit sac à dos de marque… Il a de l’allure, c’est pas un clandestin…
  • Cest une homme jeune, environ 25 ans, il me fait comprendre qu’il s’est foulé une cheville, et… qu’il ne sait pas nager… ha, là,  ça complique un peu les choses, il ne pourra pas rejoindre le bord par ses propres moyens…
     
  • Nous ne pouvons pas aborder et le vent pousse à la côte
  • Impossible de mouiller, trop de fond et rien que de la roche
  • Le moteur de l’annexe est en panne
  • Si je lance un Pan Pan en expliquant que mon voilier vient de découvrir un terrien naufragé à terre… ça va être très, très difficile à expliquer à la VHF, surtout en anglais...
  •  Je ne peux pas non plus aller chercher de l’aide, mon terrien qui m’a vu passer trois fois avant qu'on ne le repère, en fera un infarctus… enfin, peut être
  • Et… Il ne passe personne pour me donner un coup de main
  • La solution, viendra de la cuisinière, lâchant son ouvrage, prenant la barre, et me disant… mais qu’est ce t’attend pour mettre l’annexe à l’eau, et d’y aller à l’aviron… ha… Elle m’avait déjà fait le coup dans les Dardanelles quand j’avais battu le record du monde de mouillage (107 m)

  • Elle manœuvre en me rapprochant de la côte, puis une fois que je suis largué, elle va faire les petits tours que l’on voit bien sur la loupe dans la carte au dessus
  • Après, cà se passe bien, j’ai pu embarquer mon terrien avec l’annexe et le ramener au bateau, que Marie France avait approché

Le gag sera qu’en classant les photos prises dans la journée… On voit bien notre terrien naufragé sur la photo du cap Ak Kortrakia. Voir la photo ci-dessous

On l’a ramené vers Pythagorion… Il a bu deux litres d’eau minérale, et s’est endormi comme une masse, dans le cockpit.

  • En fait, parti en randonnée seul, il s’est perdu, et au lieu de monter, est descendu vers la mer, vers le piège…
  • Une fois la cheville foulée, téléphone portable HS, parce que sac à dos tombé à l’eau… Il était coincé
  • Diabétique insulinodépendant, il a cru ses dernières heures arrivées…

    Alors, une fois débarqué à Pythagorion,  éperdu de reconnaissance… Cà a été très long de lui expliquer que nous n'étions que des marins ordinaires… Mais... que lui avait beaucoup, beaucoup de chance…

Bon !!! Ce n'était qu'un vendredi 13...

s/y Laorana Pythagorion 13 sept. 2013

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